Organisé du 29 au 31 janvier 2020 à N’Djaména, le XVIIIe colloque Méga-Tchad a cherché à replacer les dynamiques en cours dans le bassin du lac Tchad dans une perspective historique à même d’appréhender les situations de rupture ou de continuité par rapport à des dynamiques anciennes.
Quatre types de changements, étroitement liés, ont été analysés au cours de différentes sessions :
- Les changements sociaux
- Les changements des systèmes de production
- Les changements environnementaux
- Les changements politiques et territoriaux
Plusieurs salarié.e.s de l’Iram ont contribué à une communication présentée le 30 janvier au cours de la session 3 « Changements des systèmes de production intitulée », dans une partie consacrée au thème "conflit et pastoralisme". Cette contribution intitulée « Impacts sur les systèmes pastoraux du basculement dans la grande insécurité du bassin du Lac Tchad : recomposition des alliances ou crise de grande ampleur des systèmes pastoraux ? » a été rédigée par Sougnabé Pabamé, Bodé Sambo, Agnès Lambert, Dangbet Zakinet, Rémy Courcier, Bertrand Guibert et Bernard Bonnet.
A travers leurs travaux sur le développement pastoral au Tchad et au Niger, les auteurs analysent les dynamiques induites par les conséquences de la violence qui s’est emparée du bassin du lac Tchad. Les grands systèmes de mobilité locaux et transfrontaliers qui se combinaient sans heurts avec une agriculture pluviale de forte densité ont considérablement été remis en question. Les alliances existantes historiquement entretenues par les groupes pour préserver leurs circuits de pâturage, sont fortement mises à l’épreuve. Ce sont les espaces de production pastoraux qui sont fortement atteints. En aval, la filière de commercialisation qui permettait d’alimenter les marchés du géant nigérian est profondément éprouvée, notamment au Tchad où les commerçants de bétail ont dû changer fondamentalement les routes de convoyage au prix de dépenses supplémentaires et de pertes en vie humaine et en têtes de bétail.
Au vu de cette rapide dégradation de la situation qui impacte la viabilité sociale et économique de ces systèmes de production, les auteurs interrogent ensuite les politiques publiques de développement pastoral qui ont promu de manière assez remarquable la sécurisation de la transhumance dans au Niger et au Tchad depuis la fin des années 1990. Comment au vu de cette profonde recomposition de l’occupation des systèmes pastoraux, les pouvoirs publics et les sociétés agro-pastorales de ces deux pays peuvent-ils enrayer une telle spirale de la violence ? Vers quels systèmes de production accompagner de telles mutations de l’économie pastorale de ces vastes espace sahélo-sahariens ?
En savoir plus sur le colloque : https://www.cepam.cnrs.fr/megatchad/colloques.html